Installé à Paris, le Bazar de la Charité a été créé par Harry Blount en 1885 : il s'agissait d'une organisation caritative dont l'objet était d'assurer la vente d'objets, lingeries et colifichets divers, au profit des plus démunis. Initialement installé au Faubourg Saint-honoré, il s’installe en 1897 rue Jean-Goujon (no.17), dans le 8e arrondissement.
Le 21 mars 1897, la comtesse de Maillé propose la création d’une œuvre caritative au profit des Cercles catholiques d'ouvriers, destinés à barrer la route au socialiste Jules Guesde.
Elle profite d'une réception pour inviter une cartomancienne inspirée, Mademoiselle Couedon, dont les dons de devineresse sont connus du Tout-Paris. Au cours de la réception, celle-ci commence à parler, lentement, d'une voix un peu lointaine mais distincte :
"Près des Champs-Elysées,
Je vois un endroit pas élevé
Qui n'est pas pour la pitié
Mais qui en est approché,
Dans un but de charité
Qui n'est pas la vérité.
Je vois le feu s'élever,
Et les gens hurler,
Des chairs grillées,
Des corps calcinés,
J'en vois comme par pelletées."
Les ventes sont organisées les 3, 4, 5 et 6 mai 1897. Les comptoirs sont tenus par des dames appartenant à la plus haute aristocratie française.
La première journée, le 3 mai 1897, sera honorée par la présence de Mlle de Flores, fille de l'ambassadeur d'Espagne. La vente du 4 mai sera, quant à elle, honorée de la présence de Sophie-Charlotte, duchesse d'Alençon (belle-sœur de l'empereur d'Autriche, François-Joseph Ier)
Vers 16 heures, la duchesse d'Alençon - qui préside le stand des Noviciats dominicains, situé à une extrémité de la galerie - murmure à une de ses voisines, Mme Belin : "J'étouffe..." Mme Belin observe : "Si un incendie éclatait, ce serait terrible !".
Vers 16h30 survient l'accident fatal : la lampe de projection du cinématographe a épuisé sa réserve d'éther et il faut à nouveau la remplir. L’assistant du projectionniste allume une allumette mais l’appareil est mal isolé et les vapeurs d'éther s’enflamment. Quelques instants après, un rideau prend feu, enflamme les boiseries puis se propage au vélum goudronné qui sert de plafond au Bazar. Au grondement de l'incendie répondent les cris de panique des 1.200 invités qui tentent de s'enfuir en perdant leur sang-froid. Certaines personnes tombent et ne peuvent se relever, piétinées par la foule des fuyards, paniqués.
La duchesse d'Alençon dira à la jeune comtesse Mathilde d'Andlau : "Partez vite. Ne vous occupez pas de moi. Je partirai la dernière."
À l'extérieur les pompiers arrivent sur les lieux cependant que des grappes humaines surgissent du bazar, transformé en brasier.
Un quart d’heure à peine après le début de l’incendie, tout est consumé : le hangar n’offre plus l’aspect que d’un amoncellement de poutres de bois calcinées, mêlées de cadavres atrocement mutilés et carbonisés.
Parmi les 129 morts qu'a fait l'incendie, dont cinq personnes dont les corps n'ont pas été identifiés, on compta 123 femmes, quasiment toutes de souche aristocratique (entre autres son Altesse Royale la duchesse d'Alençon).
Une chapelle expiatoire, appelée Notre-Dame de Consolation, s'élève aujourd'hui à l'emplacement du Bazar de la Charité. Cette chapelle est dédiée aux victimes de l'incendie et accueille la communauté catholique de langue italienne de Paris.
et c'est depuis cette date je crois que la politesse veut que l'on laisse toujours les personnes sortir d'un magasin, ou de tout autre lieu, avant d'y entrer, ce sans considération du sans sexe de la personne.
RépondreSupprimer