Le terme cliffhanger est une expression anglophone qui désigne, dans la terminologie des œuvres de fiction, un type de fin ouverte visant à créer un fort suspense. On dira qu’il y a cliffhanger quand un récit s’achève avant son dénouement, à un point crucial de l’intrigue, quitte à laisser un personnage dans une situation difficile, voire périlleuse. Ce type de fin, très fréquent dans les feuilletons, implique souvent que le récit en question ait une suite (d'ailleurs, on voit parfois les mots "à suivre").
Le mot cliffhanger qui signifie "personne suspendue à une falaise", est l'exemple emblématique de ce genre de situation (voire peut-être à l'origine de l'expression) : le personnage est pris au piège, il est en danger : va-t-il s'en sortir ? Vous le saurez dans le prochain épisode !
Dans la littérature, le cliffhanger est une technique narrative essentielle des romans-feuilletons (voir l'œuvre d'Alexandre Dumas ou celle d'Eugène Sue), mais il est également employé dans certains romans contemporains. Par exemple, Da Vinci Code, de Dan Brown, comporte de nombreux chapitres s'achevant par un cliffhanger, afin de tenir le lecteur en haleine.
La technique du cliffhanger a également influencé le cinéma, à commencer par les serials de la première moitié du vingtième siècle qui se présentaient comme des feuilletons cinématographiques dont les épisodes étaient rythmés par de multiples coups de théâtre. Hormis les serials, d'autres films utilisent la technique du cliffhanger, par exemple les sagas cinématographiques contemporaines (Matrix Reloaded, deuxième volet de la trilogie Matrix, s'achève par un cliffhanger). Certains films se terminent par un cliffhanger sans qu'il y ait de suite (Monsieur Klein, de Joseph Losey), ce qui peut éventuellement décevoir et frustrer le spectateur.
Les séries télévisées françaises de l'ORTF qui adaptaient des romans-feuilletons tels que Rouletabille ou Rocambole, étaient constituées d'épisodes de 15 minutes qui se terminaient par un coup de théatre, une scène de suspense ou une révélation surprenante, conservant l'esprit des œuvres littéraires d'origine.
Dans les séries télévisées américaines, un cliffhanger ponctue un épisode toutes les 12 minutes. C'est en effet, sur les chaînes publiques, la fréquence des interruptions publicitaires : ici, le cliffhanger sert à donner au téléspectateur l'envie de regarder le reste de l'épisode et à le convaincre de patienter pendant la page de publicité. À noter toutefois que même les séries créées par HBO, une chaîne payante sans interruption publicitaire, comportent trois ou quatre cliffhangers par épisode de 52 minutes.
Il n'est pas rare qu'une saison d'une série ou d'un feuilleton télévisé s'achève par un cliffhanger. L'un des exemples les plus célèbres reste le dernier épisode de la troisième saison de Dallas, dans lequel le personnage de J.R. Ewing fait l'objet d'une tentative d'assassinat ; l'identité du coupable n'a été révélée qu'au cours de la saison suivante, ce qui a contribué à renforcer l'intérêt des téléspectateurs du feuilleton, impatients de savoir "qui a tiré sur J.R. ?". Ce procédé crée souvent une frustration chez le spectateur, ce qui le stimule à suivre le feuilleton jusqu'à son dénouement final.
Les cliffhangers de fin de saison visent à la fois à fidéliser le téléspectateur et à convaincre les producteurs de renouveler la série pour la saison suivante, quitte à laisser une fin ouverte en cas de refus - de nombreuses séries, telles que Mystères à Twin Peaks, FlashForward, Dirty Sexy Money et Kyle XY, ont fait les frais de cette méthode.
Si les cliffhangers concernent surtout les séries télévisées dramatiques, ils sont également présents dans certaines séries comiques. Ainsi, la plupart des saisons de Friends s'achèvent par un cliffhanger (par exemple, à la fin de la septième saison, l'une des héroïnes de la série s'avère être enceinte, alors que le mystère plane sur l'identité du père de son enfant).
L'un des grands adeptes du cliffhanger dans les séries reste J. J. Abrams, producteur et créateur notamment d'Alias et Lost, deux séries illustrant à de très nombreuses reprises ce que peut être un cliffhanger d'importance considérable.
C'est effectivement à Alexandre Dumas que l'on doit l'usage de cette technique, et au fait qu'il publiait dans des journaux et devait tenir ses lecteurs en haleine. Ainsi, à la fin d'un épisode, un de ses héros se retrouva suspendu par un doigt au sommet d'une falaise ; n'apparaissait pas à l'épisode suivant ; et quand Dumas en eut de nouveau besoin pour son intrigue, il le fit réapparaître avec cette phrase : « Comment s'en était-il sorti, nul ne saurait le dire ».
RépondreSupprimerBonjour,
RépondreSupprimerJe ne connaissais pas le mot en anglais. Comment pourrait-on le nommer en français? Climax? Je ne suis pas sûre que même ce mot-là soit français...